La pandémie dûe au Covid a boulversé l’ordre mondial, avec des répercussions à court, moyen et long termes sur l’approvisionnement des matières premières, dont le blé. Dans un contexte déjà compliqué, la guerre en Ukraine aggrave une économie déjà fragilisée. Brian Bibloque, des Moulins Dossche Mills, nous explique le contexte actuel et les raisons des hausses vertigineuses des prix du blé.
Pourquoi une telle évolution du blé ?
« L’invasion russe bouscule le marché des céréales, dont l’Ukraine est une grande exportatrice. Ce qui a des conséquences sur le cours mondial du blé.
En sachant que la récolte 2021 était déjà mauvaise en France et en Europe, elle a eu un rendement de 74,3 Quintaux/Hectare, mais avec l’été pluvieux, les protéines étaient très basses.
Nous avons besoin d’une protéine minimum de 12 – 12,5 pour fabriquer une farine panifiable. En dessous, le blé part pour l’animalier.
Le cours mondial du blé évolue quasiment à la minute et sa hausse depuis l’entrée des troupes russes en Ukraine a de quoi donner le vertige !
La tonne de blé a augmenté de 50€ d’un seul coup dès les premières frappes. En moyenne, elle était à environ entre 180 € et 200€ la tonne. Aujourd’hui nous sommes aux alentours de 380 € et 400€.
À cela, il faut ajouter la hausse des carburants et de l’énergie +4% ainsi que celle du gaz. Nos moulins fonctionnent à l’électricité. Et le taux d’extraction du blé pour fabriquer une farine blanche T65 est de 75% (il faut 125 KG de blé pour avoir 100 KG de farine blanche). »
Comment réagissent les professionnels ?
« Le boulanger doit répercuter les hausses sur le prix de son pain.
Depuis le début d’année 2021, nous avons augmenté le prix de la farine de 35 €/100KG. Ce qui donne un prix final aux alentours de 85 €/100 KG de farine.
et donc une augmentation directe de 10 cts pour la baguettes et 20 cts pour les pains blancs de 500 g. À cela, il y a aussi une forte augmentation des graines. Donc on peut voir des augmentations jusqu’à 50 cts pour les pains de 500 g aux céréales. »
Quelle est la tendance pour les prochains mois ?
«Il faudra attendre la prochaine récolte de Septembre 2022 avant de tirer des conclusions. Mais nous savons d’ores et déjà que la demande sera plus forte que l’offre. »